Mystères sous-marins : l’Alcide, corsaire englouti en baie de Morlaix

Les fonds marins regorgent de mystères. Toutes périodes et siècles confondus, nous les avons mythifiés et mis en scène dans des tragédies et même des épopées, représentant alors à la fois trésors cachés ou tanières de monstres sanglants. Partons à leur découverte, et pour ça nul besoin de partir bien loin, la baie de Morlaix cache de nombreux secrets. 

L’Alcide : un navire corsaire dans la tourmente des guerres maritimes

Le port de Morlaix, du XVIème au XVIIIème siècle, est une plateforme tournante du commerce, il attire de nombreux navires. Ce commerce fructueux attise les convoitises notamment des Anglais qui souhaitent contrôler les routes maritimes et obtenir le monopole sur certains produits très demandés. Ceci mène forcément à des affrontements, et même des guerres, entre les principaux acteurs de ce commerce. Ces affrontements se déroulent en mer, pour le compte de l’État français.

Un navire corsaire du nom de l’Alcide, bateau privé autorisé par l’État à attaquer les navires ennemis pendant les guerres, va connaître un destin tragique en baie de Morlaix. Ce bateau, originaire de Saint-Malo mesure environ 30 mètres, compte 20 canons et près de 200 hommes d’équipage. La date du 24 décembre 1747 scelle son destin, l’Alcide va tragiquement couler au large des côtes bretonnes.

Une nuit tragique près du château du Taureau

Quelques jours plus tôt, l’Alcide combattait un vaisseau de la Compagnie des Indes (une grande compagnie maritime) et une frégate anglaise. Le combat fut violent, et le navire français fut gravement endommagé. Tentant de regagner la côte française pour se mettre à l’abri, le capitaine dirigea l’Alcide vers la baie de Morlaix. Malheureusement, dans la nuit du 23 au 24 décembre, le navire heurta une roche près du château du Taureau. Le bateau coula très rapidement. Sur les 71 marins encore à bord, 21 périrent dans le naufrage. Les autres réussirent à regagner la terre ferme ou furent secourus. 

De la mer au musée

Aujourd’hui, l’épave de l’Alcide repose à environ 30 mètres de profondeur, près d’un rocher appelé la tourelle de Calhic. Depuis 2009, des plongeurs y plongent chaque année pour commémorer ce naufrage et entretenir la mémoire des marins disparus et découvrir les vestiges de ces évènements.

Des objets retrouvés sur le site seront exposés prochainement au musée maritime de Carantec. Ils permettent de mieux comprendre la vie à bord d’un navire corsaire au XVIIIe siècle et l’histoire des naufrages dans cette région.

Article écrit par Louane Robert