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Au revoir les bernaches cravants !

Chaque automne, un spectacle discret mais émouvant se joue autour du château du Taureau dans la baie de Morlaix : l’arrivée des bernaches cravants. Ces petites oies noires et blanches, venues de l’autre bout du monde, choisissent nos côtes comme escale hivernale. Mais qui sont-elles vraiment ?

Une migratrice venue de loin

La bernache cravant appartient à la grande famille des Anatidés, tout comme les canards, les cygnes et les oies. Elle parcourt près de 6000 kilomètres pour fuir l’hiver sibérien, lorsque la glace recouvre les mousses et lichens de la toundra, ses principales sources de nourriture estivales.

Son périple n’est pas sans escale. En route vers la France, elle fait une halte de près de deux mois dans la mer des Wadden, entre les Pays-Bas et le Danemark, pour se reposer et se nourrir. Puis, à partir de septembre, elle arrive sur nos côtes, où elle restera jusqu’en avril pour les plus tardives. Ensuite, cap au nord : elle repassera par la mer des Wadden avant de retourner en Sibérie pour nicher.

Photo Alain Liroy

Un oiseau sociable et fidèle

La bernache cravant est grégaire : elle vit et migre en groupe. Ce comportement social crée des moments spectaculaires lorsque, en octobre, elles arrivent par centaines sur les plages bretonnes. La France accueille d’ailleurs 40 % de la population européenne de l’espèce durant l’hiver !

Et côté cœur ? Ces petites oies sont fidèles en amour : elles forment des couples pour la vie.
Leur longévité moyenne est d’environ 17 ans, mais certains individus vivent bien plus longtemps. L’un d’eux, bagué dans le bassin d’Arcachon, aurait atteint l’âge remarquable de 42 ans !

Comment reconnaître une bernache cravant ?

Pas besoin d’être ornithologue chevronné pour l’identifier :

  • Elle est plus petite qu’une oie classique, à peine plus grande qu’un canard colvert.
  • Son plumage est noir et brun foncé, avec une tache blanche en forme de collier au niveau du cou.
  • Ses pattes et son bec sont noirs.
  • Les jeunes, eux, n’ont pas encore la fameuse marque blanche au cou.

En vol, la bernache ne suit pas la traditionnelle formation en V des oies, mais avance en front régulier, souvent en plusieurs rangées. Elle vole vite, autour de 90 km/h !

Attention à ne pas la confondre avec la bernache du Canada, plus grande, au cou plus long et à l’allure plus massive..

Une vie au rythme des marées

La bernache cravant est herbivore. En été, elle se nourrit de mousses et de lichens en Sibérie, et en hiver, elle raffole des zostères marines, ces herbes sous-marines qu’on trouve sur l’estran, découvert à marée basse. C’est à ce moment qu’elle descend s’alimenter, avant de retourner flotter tranquillement sur la mer lorsque la marée remonte. Elle vit donc au rythme des marées.

Petite particularité : entre mi-juillet et mi-août, les adultes muent et perdent leurs plumes de vol. Pendant environ trois semaines, ils sont incapables de voler — on dit alors qu’ils sont aptères.

Une histoire mouvementée

Il faut savoir que les bernaches cravants auraient pu disparaître de nos côtes. Dans les années 1930, une maladie a presque décimé les herbiers de zostères, leur principale ressource alimentaire hivernale en France. Les effectifs ont chuté drastiquement. Heureusement, l’espèce a commencé à se rétablir dans les années 1970 et bénéficie d’une protection légale depuis 1981.

Une visite saisonnière à ne pas manquer

En baie de Morlaix, c’est souvent autour du château du Taureau, forteresse maritime posée sur les flots, que les bernaches sont les plus visibles. On peut les observer en train de flotter tranquillement à marée haute, ou de brouter les zostères sur les îlots voisins à marée basse. Et si l’on tend l’oreille, on peut entendre leur chant si caractéristique, une sorte de trompette gutturale : « rrok rook keukk keuk rrout ».

Leur départ début avril marque la fin d’un cycle migratoire, mais pas de tristesse ! Car leur départ coïncide souvent avec l’arrivée d’un autre oiseau emblématique : l’hirondelle, annonciatrice du printemps.

Photos : Vol de bernaches, Regnéville-sur-Mer, 3 février 2007 (Photo Alain Livory) https://manche-nature.fr/phototheque/bernache-cravant // https://www.oiseaux.net/oiseaux/bernache.cravant.html ) // https://baie-morlaix.n2000.fr/actualites/les-bernaches-sont-arrivees

Article écrit par Betty-Anne Terrien

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