Au fur et à mesure du déclin du port de Morlaix, la défense de la Baie ne constitue plus un enjeu stratégique majeur et la mission militaire assignée au château du Taureau devient définitivement dissuasive.
Aussi dès 1721, avant même son complet achèvement, la forteresse est détournée de sa vocation initiale et utilisée comme prison.
L'endroit, perdu au milieu de la mer, offre, il est vrai, un maximum de garanties en terme de sécurité. Ceint d'une double barrière granite et liquide, le Taureau désespère toute tentative d'évasion. Ceux qui s'y risquent peuvent connaître un funeste destin, comme le détenu Sébastien Trévou, mort noyé en 1793.
Qui sont les prisonniers ? Sous l'Ancien Régime, la plupart des reclus sont des aristocrates bretons emprisonnés sur ordre du Roi par " lettres de cachet ", à la demande le plus souvent de leurs propres familles, soucieuses d'éviter le déshonneur. Le libertinage, une mésalliance, la folie, un goût immodéré pour l'alcool ou le jeu peuvent assurément conduire à un séjour forcé au fort du Taureau, dans l'une des 11 cellules spécialement aménagées. Les frais de subsistance des prisonniers sont couverts par les familles qui versent une pension pour la nourriture, l'habillement ou le blanchissage. Quand elles ne s'acquittent pas de leur dette, le détenu est tout bonnement relâché…
La surveillance des prisonniers est confiée à une compagnie détachée d'invalides, composée, suivant les époques, de 13 à 60 soldats en fin de carrière, déclarés inaptes au combat en raison de leur santé déficiente ou de leur grand âge.
Blanqui : le dernier prisonnier
A la Révolution, sous la direction de l'artillerie de Brest, le château demeure une prison : seul change le profil des prisonniers " embastillés ". Des nobles, des prêtres réfractaires, des Girondins puis des Montagnards y sont détenus. Non plus qu'ils portent atteinte aux bonnes moeurs mais plutôt qu'ils propagent des idées jugées hostiles par le nouveau pouvoir. Dès lors, les hôtes d'infortune qui se succèderont au Taureau, se distingueront tous par le caractère politique de leur incarcération. Le dernier à y séjourner fut le célèbre Louis Auguste Blanqui en 1871.
Illustration : Inventaire général, ADAGP
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